• L'absence
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    Jean-Marin Serre
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    J’imagine tes yeux que le soleil enlise
    Je parcours les sillons de douleur qui s’y lisent
    Je regarde cette mer monter, comme une eau grise,
    Dont les vagues nous lavent et le ressac nous brise …

    A quoi bon vivre encor si ce n’est avec toi
    Que me servent ces mains qui n’agrippent que l’ombre
    Pourquoi faut-il rester sur le bateau qui sombre
    Jusqu’à quand faudra -t’il que je tue mes émois ?

    C’est un matin gris dans une province froide
    Et des moineaux les pattes s’agitent, fines et roides
    Je vois par la fenêtre la ligne d’horizon
    Brisée par les montagnes qui me tiennent en prison.

    Aucun bruit, pas de vie, la chatte silencieuse
    S’abîme tout comme moi dans la mélancolie ;
    Seul est vivant ce lien qui vibre et qui nous lie,
    Ce trait d’union des âmes qui souffrent d’être heureuses …

    Toi qui ne me quitte pas, j’ai mal à ton absence ;
    Jamais tu n’es partie mais quand reviendras tu ?
    Pour un baiser de toi je donnerais Byzance,
    Ton amour me fait vivre mais ton amour me tue.

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  • Mon jardin d`Eden

     
    Quand je ferme les yeux, j`ouvre dans ma mémoire,
    Le tiroir secret qui garde les histoires
    D`une vie parallèle bien difficile à croire,
    Qui jamais de mes songes ne déborde le soir.
    Ce jardin est le lieu de toutes les illusions ;
    La clé de mon bonheur, le fruit de ma passion.
    La frontière inviolée d`un refuge salutaire,
    Qui n`appartient qu`à moi jusqu`au dernier repère.
    C`est le chemin des rêves protégés par un ange,
    Gardien de mes énigmes, d`un univers étrange,
    Où habite le prince d`un empire où l`amour
    Est l`autel de mes nuits, et l`esclave de mes jours.

    J`y ai perdu mon âme, mes désirs, mes prières,
    Depuis que son regard m`a tenu prisonnière.
    Quand il m`a pris la main et qu`il m`a envoûtée,
    J`ai aperçu l`Eden et j`y ai succombé.
    Mais son monde est ailleurs et je ne peux rester.
    Alors pour le revoir, j`emprunte mes pensées
    Et je rejoins les rives de son cœur brûlant,
    Qui fait fondre le mien, qui me tue doucement.
    Un lieu où la folie dissipe la raison
    Quand l`envie se dessine comme une tentation.
    Un endroit féérique où s`estompent les peurs,
    Où toutes les fantaisies ne sont plus des erreurs.
    Un territoire magique où je rejoins les grèves
    De la sérénité quand la journée s`achève.
    J`y respire un bonheur intime et infidèle
    Qui transgresse des règles qui ne sont plus réelles.
    Oui je ferme les yeux, c`est comme ça que je vois ;
    Qu`au delà de l`abîme, je ressuscite de moi.
    Quand le temps s`arrête là, quand mon esprit voyage,
    Vers les doux alizés de ce précieux rivage.

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  •   Le miroir de l'âme   

     
    Les yeux sont le reflet de l'âme
    Des âmes claires, pures, grandes ouvertes
    Yeux brûlants vifs comme une flamme
    Yeux profonds comme une mer toute claire...
     
    Yeux coquins, sournois, maquillés,
    Perçants, froncés, crispés, serrés,
    Agacés, Tristes, hagards, mouillés,
    Veloutés, Sincères, Rassurés,
     
    Yeux qu'on croise un jour par hasard
    Déclenchant un feu d'étincelles
    Alors que mille autres regards
    Se noient dans le monde matériel !
     
    Pourquoi parler, vouloir paraître ?
    Quand un seul regard nous suffit
    Pour voir l'art d'un tableau de Maître,
    La perfection d'une goutte de pluie ?
     
    Les yeux sont le guide de la vie,
    Ils nous préviennent, extériorisent :
    La joie, les pleurs, la sympathie,
    La douleur, le bonheur limpide...
     
    Il est dans les étoiles, des mondes,
    Cachés et ignorés des hommes,
    Où anges et yeux purs se confondent,
    Dans la grande lumière d'un royaume...

    (Jean-Claude Brinette)

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  •  

     
       Les yeux  -  (Sully Prudhomme 1839-1907)

     
    Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
    Des yeux sans nombre ont vu l'aurore ;
    Ils dorment au fond des tombeaux,
    Et le soleil se lève encore.
     
                   Les nuits, plus douces que les jours,
                   Ont enchanté des yeux sans nombre ;
                   Les étoiles brillent toujours,
                   Et les yeux se sont remplis d'ombre.
     
    Oh ! qu'ils aient perdu le regard,
    Non, non cela n'est pas possible !
    Ils se sont tournés quelque part
    Vers ce qu'on nomme l'invisible ;
     
                   Et comme les astres penchants
                   Nous quittent, mais au ciel demeurent,
                   Les prunelles ont leurs couchants,
                   Mais il n'est pas vrai qu'elles meurent.
     
    Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
    Ouverts à quelque immense aurore,
    De l'autre côté des tombeaux,
    Les yeux qu'on ferme voient encore.

    (Stances : la vie intérieure)

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  • La vie est un songe



    Tout n'est plein ici bas que de vaine apparence,
    Ce qu'on donne à sagesse est conduit par le sort,
    L'on monte et l'on descend avec pareil effort,
    Sans jamais rencontrer l'état de consistance.

    Que veiller et dormir ont peu de différence,
    Grand maître en l'art d'aimer, tu te trompes bien fort
    En nommant le sommeil l'image de la mort,
    La vie et le sommeil ont plus de ressemblance.

    Comme on rêve en son lit, rêver en la maison,
    Espérer sans succès, et craindre sans raison,
    Passer et repasser d'une à une autre envie,

    Travailler avec peine et travailler sans fruit,
    Le dirai-je, mortels, qu'est-ce que cette vie ?
    C'est un songe qui dure un peu plus qu'une nuit.

    Auteur:Jacques Vallée DES BARREAUX

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