• SÉRÉNADE

     Sur le balcon où tu te penches
     Je veux monter... efforts perdus!
     Il est trop haut, et tes mains blanches
     N'atteignent pas mes bras tendus.

     Pour déjouer ta duègne avare,
     Jette un ruban, un collier d'or;
     Ou des cordes de ta guitare
     Tresse une échelle, ou bien encor...

     Ote tes fleurs, défais ton peigne,
     Penche sur moi tes cheveux longs,
     Torrent de jais dont le flot baigne
     Ta jambe ronde et tes talons.

     Aidé par cette échelle étrange,
     Légèrement je gravirai,
     Et jusqu'au ciel, sans être un ange,
     Dans les parfums je monterai!

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  • Au bord de l'eau

    S'asseoir tous deux au bord d'un flot qui passe,
    Le voir passer ;

    Tous deux, s'il glisse un nuage en l'espace,
    Le voir glisser ;

    A l'horizon, s'il fume un toit de chaume,
    Le voir fumer ;

    Aux alentours, si quelque fleur embaume,
    S'en embaumer ;

    Si quelque fruit, où les abeilles goûtent,
    Tente, y goûter ;

    Si quelque oiseau, dans les bois qui l'écoutent,
    Chante, écouter...

    Entendre au pied du saule où l'eau murmure
    L'eau murmurer ;

    Ne pas sentir, tant que ce rêve dure,
    Le temps durer ;

    Mais n'apportant de passion profonde
    Qu'à s'adorer ;

    Sans nul souci des querelles du monde,
    Les ignorer ;

    Et seuls, heureux devant tout ce qui lasse,
    Sans se lasser,

    Sentir l'amour, devant tout ce qui passe,
    Ne point passer !


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  • Joie de vivre
    Une étroite fenêtre ouverte
    Sur un jardin aux lignes pures.
    Sous l'arceau d'une plante verte,
    Une fillette qui adjure
    La poupée de rester couverte.

    Le jour qui vient de s'éveiller
    Ne cesse de s'émerveiller.
    Et c'est toute la joie de vivre
    Que le vent, de son crayon bleu,
    Note sur le livre des cieux.

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  • Liberté
    Prenez du soleil
    Dans le creux des mains,
    Un peu de soleil
    Et partez au loin!

    Partez dans le vent,
    Suivez votre rêve;
    Partez à l'instant,
    la jeunesse est brève !

    Il est des chemins
    Inconnus des hommes,
    Il est des chemins
    Si aériens !

    Ne regrettez pas
    Ce que vous quittez.
    Regardez, là-bas,
    L'horizon briller.

    Loin, toujours plus loin,
    Partez en chantant !
    Le monde appartient
    A ceux qui n'ont rien.

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  • L'Été

    Il brille, le sauvage Été,
    La poitrine pleine de roses.
    Il brûle tout, hommes et choses,
    Dans sa placide cruauté.

    Il met le désir effronté
    Sur les jeunes lèvres décloses ;
    Il brille, le sauvage Été,
    La poitrine pleine de roses.

    Roi superbe, il plane irrité
    Dans des splendeurs d'apothéoses
    Sur les horizons grandioses ;
    Fauve dans la blanche clarté,
    Il brille, le sauvage Été.

    Théodore de Banville (1823 - 1891)


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